La Pluie
Dimanche 31 mai
Ce matin, il pleuvait
à verse quand Mia et Nicole sont arrivées à Paris.
Mais quand nous nous
sommes retrouvées il ne pleuvait plus.

Nous avons été au musée Carnavalet, dans le Marais, puis nous nous sommes assises dans la cour de l’Institut suédois… et il s’est remis à pleuvoir !
Alors, Mia nous a lu
des poèmes sur la pluie, et en a composé un.
Le voici :
Quand il pleut
Je ne suis pas joyeux
Quand il ne pleut pas
Je peux sortir avec toi
Mais quand il pleut
Avec toi, je peux
Danser dans les flaques
Sans avoir le trac !
Pour faire ce poème, nous nous sommes inspirées de deux textes...
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
Paule Verlaine
Il pleut
Averse averse averse averse averse
averse
ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie!
gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô!
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide
et que l'eau mouille et mouille! mouille l'eau mouille
l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d'averses et de pluie
et de gouttes d'eau de pluie et d'averse
et sans un paragoutte pour protéger les pieds
et les cheveux mouillés qui ne vont plus friser
qui ne vont plus friser à cause de l'averse
à cause de la pluie à cause de l'averse
et des gouttes de pluie des gouttes d'eau de pluie
et des gouttes d'averse
cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie!
gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô!
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide
et que l'eau mouille et mouille! mouille l'eau mouille
l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d'averses et de pluie
et de gouttes d'eau de pluie et d'averse
et sans un paragoutte pour protéger les pieds
et les cheveux mouillés qui ne vont plus friser
qui ne vont plus friser à cause de l'averse
à cause de la pluie à cause de l'averse
et des gouttes de pluie des gouttes d'eau de pluie
et des gouttes d'averse
cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
Raymond Queneau
... et de beaucoup de rimes !
une rime
rimer
un cœur
un vœu
un feu
un lieu
mieux
des cheveux
le milieu
joyeux
fois
foi
foie
soi
toi
ça
la
là
là-bas
vois (voir)
voix (la parole)
loi
sortir ≠ salir en
espagnol !
salir
plaque
sac
flaque
trac
chaque
vrac
claque
vu
su
pu
lu
cru
tu
il a plu (pleuvoir)
il t’a plu (plaire)
Bravo Mia !
Montmartre
Lundi 1er juin
Aujourd’hui, il
faisait grand soleil, nous nous sommes retrouvées aux Abbesses. Pauvres Mia et
Nicole : elles ont monté les escaliers du métro ! Les plus
interminables de Paris !
C’est Mia qui nous a
emmenées au Moulin de la Galette, puis nous sommes passées Place du Tertre et avons
tourné autour du Sacré Cœur. Ensuite nous sommes allées au café écouter et lire
des chansons sur la butte Montmartre.
Et Mia en a composé
une, avec de belles rimes !
La première fois que
j’ai été à Paris
J’étais amoureuse
Mais j’étais sans mon
chéri
Pourtant j’étais
quand même joyeuse
Tout ce que j’ai vu
était joli
Le Moulin de la
Galette
Le Sacré Cœur :
Je t’aime Paris !
Parce que tu es
chouette
J’ai passé du bon
temps
avec Lola et ma maman
Et c’était le
printemps
Montmartre est une
petite montagne
un mont
une butte
un tertre
Il y a des moulins
le moulin rouge
le moulin de la
galette
Il y a des poètes
des escaliers
des amoureux
des princesses
C’est mieux que
l’Amérique !
Les chansons qui ont
inspiré Mia :
La Complainte de la Butte
(Cora Vaucaire - 1954)
Paroles Jean Renoir * Musique Georges Van Parys
En haut de la rue St-Vincent
Un poète et une inconnue
S'aimèrent l'espace d'un instant
Mais il ne l'a jamais revue
Cette chanson il composa
Espérant que son inconnue
Un matin d'printemps l'entendra
Quelque part au coin d'une rue
La lune trop blême
Pose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous
La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés
Princesse de la rue
Soit la bienvenue
Dans mon cœur blessé
Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux
Petite mendigote
Je sens ta menotte
Qui cherche ma main
Je sens ta poitrine
Et ta taille fine
J'oublie mon chagrin
Je sens sur tes lèvres
Une odeur de fièvre
De gosse mal nourri
Et sous ta caresse
Je sens une ivresse
Qui m'anéantit
Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux
Mais voilà qu'il flotte
La lune se trotte
La princesse aussi
Sous le ciel sans lune
Je pleure à la brune
Mon rêve évanoui
Pigalle
Georges Ulmer et Géo Koger
1946
C'est une rue, c'est une place
C'est même tout un quartier
On en parle, on y passe
On y vient du monde entier.
Penché au flanc de Paname,
De loin, elle vous sourit,
Car elle reflète l'âme
La douceur et l'esprit de Paris
Refrain :
Un p'tit jet d'eau
Une statue, un métro
Entouré de bistrots
Pigalle
Grands magasins
Ateliers de rapins
Restaurants pour rupins,
Pigalle.
Là, c'est l'chanteur des carr'fours
Qui fredonn' les succès du jour,
Ici l'athlète en maillot
Qui soulèv' les poids d'cent kilos.
Hôtels meublés
Discrèt'ment éclairés
Où l'on n'fait que passer,
Pigalle
Et vers minuit
Un refrain qui s'enfuit
D'une boîte de nuit,
Pigalle.
On y croise des visages
Communs et sensationnels,
On y parle des langages
Comme une tour de Babel
Et quand vient le crépuscule
C'est le grand marché de l'amour,
C'est le coin où déambulent
Ceux qui prennent la nuit pour le jour.
Girls et mann'quins
Gitan's aux yeux malins
Qui lisent dans les mains
Pigalle
Clochards, cam'lots
Tenanciers de bistrots,
Trafiquants de coco,
Pigalle.
Petit's femmes qui vous sourient
En vous disant "tu viens chéri" ?
Et Prosper qui dans son coin
Discrètement surveille son gagne pain !
Un p'tit jet d'eau
Un' statue, un métro
Entouré de bistrots
Pigalle
Ça vit, ça gueule
Les gens diront c'qu'ils veulent
Mais au monde y'a qu'un seul
Pigalle.
Fréhel – OÙ EST-IL DONC?
Paroles: A. Decaye, Lucien
Carol, musique: Vincent Scotto, 1926
Y'en a qui vous parlent de l
' Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel
pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès
d'ça ".
Ces boniments-là rendent
moins timide,
Bref, on y part, un jour de
cafard...
Encore un de plus qui, le
ventre vide
A New-York cherchera un
dollar.
Parmi les gueux et les
prostrés,
Les émigrants aux cœurs
meurtris.
Il dira, regrettant Paris:
Où est-il mon moulin de la
Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du
coin?
Tous les jours pour moi
c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les
copains?
Où sont-ils tous mes vieux
bals musette?
Leurs javas au son de
l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas
sans galette?
Avec un cornet de frites à
deux ronds
Où sont-ils donc?
Mais Montmartre semble
disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du
Tertre,
On démolit nos vieilles
maisons.
Sur les terrains vagues de la
butte
De grandes banques naîtront
bientôt,
Où ferez-vous alors vos
culbutes,
Vous, les pauvres gosses à
Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à
Salis,
" Montmartre, ton De
Profundis! "
Où est-il mon moulin de la
Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du
coin?
Tous les jours pour nous
c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos
copains?
Où sont-ils tous nos vieux
bals musette?
Leurs javas au son de
l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas
sans galette?
Avec un cornet de frites à
deux ronds
Où sont-ils donc?
Où sont-ils tous mes vieux
bals musette?
Leurs javas au son de
l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas
sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?
Les Ponts de Paris
Mardi 2 juin
Aujourd’hui j’ai retrouvé Mia et Nicole à Pont-Marie, nous nous
sommes promenées vers l’île Saint-Louis puis nous nous sommes arrêtées dans un très beau
café (Le Saint-Régis) et nous avons ensuite marché vers Notre-Dame avant de longer la Seine. De nombreux bouquinistes étaient fermés, les autres vendaient presque
tous des souvenirs, et ces petites tours Eiffel miniatures que Mia
déteste !
Je suis très fière du poème en acrostiche que Mia a écrit.
Paris est une ville
très jolie mais tu me manques
Après mon voyage je
serai heureuse de te voir
Ulysse a eu lui-aussi
la même histoire
L’amour c’est une
chose très compliquée
Pourquoi n’es-tu pas
ici avec moi
Avec toi la vie est
plus joyeuse
Un homme m’a souri
mais je ne l’ai pas regardé
Le cœur qui est dans
ma poitrine te pleure
Plus tard je te
retrouverai
Alors j’écoute de la
musique pour occuper le temps qui passe
Union, la nôtre est si
forte
Laisse-moi t’embrasser
Pour l’écrire, nous avons d’abord parlé de Guillaume
Apollinaire. De son poème le plus connu sur les ponts de Paris :
Sous le pont Mirabeau coule la
Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la
peine
Vienne la
nuit sonne l'heure
Les jours
s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons
face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si
lasse
Vienne la
nuit sonne l'heure
Les jours
s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau
courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la
nuit sonne l'heure
Les jours
s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les
semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la
Seine
Vienne la
nuit sonne l'heure
Les jours
s'en vont je demeure
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
De ses histoires d’amour et de Lou. Et des poèmes qu’il lui
écrivait pendant la guerre.
Le célèbre poème en acrostiche :
L'amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encore que la mort
Un cœur, le mien te suit dans ton voyage au Nord
Lettres, envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie
Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang
La nuit mon cœur la nuit est très
douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur, le mien te suit jusques au bout du monde
L’heure est
venue adieu l’heure de ton départ
On va rentrer il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard
Et le non moins célèbre calligramme :
Reconnais-toi
Cette adorable personne c'est toi
Sous le grand chapeau canotier
Œil
Nez
La bouche
Voici l'ovale de ta figure
Ton cou exquis
Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré
vu comme
à travers un nuage
Un peu plus bas c'est ton cœur qui bat
Guillaume Apollinaire,
calligramme,
extrait du poème du 9 février 1915
Le tout avec un tout petit peu de vocabulaire :
une
demeure (= une maison)
demeurer
= rester, être
onde = de
l’eau (généralement claire)
une ondée
= une averse !
couler
Mia j’espère que le livre de Guillaume Apollinaire que tu as acheté te plaira.
J’espère aussi que tu feras bien attention à ne plus mettre
d’espagnol dans ton joli français !
Et je vous souhaite bonne route à toutes les deux,
Lola




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