Mes ballades


La Pluie

Dimanche 31 mai 


Robert Doisneau

Ce matin, il pleuvait à verse quand Mia et Nicole sont arrivées à Paris.
Mais quand nous nous sommes retrouvées il ne pleuvait plus.



Nous avons été au musée Carnavalet, dans le Marais, puis nous nous sommes assises dans la cour de l’Institut suédois… et il s’est remis à pleuvoir !
Alors, Mia nous a lu des poèmes sur la pluie, et en a composé un.
Le voici :


Quand il pleut
Je ne suis pas joyeux
Quand il ne pleut pas
Je peux sortir avec toi

Mais quand il pleut
Avec toi, je peux
Danser dans les flaques
Sans avoir le trac !


Pour faire ce poème, nous nous sommes inspirées de deux textes...


Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Paule Verlaine


Il pleut

Averse averse averse averse averse averse

ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie!

gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô!

paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables

que la pluie est humide
et que l'eau mouille et mouille! mouille l'eau mouille
l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable

d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides

tout humides d'averses et de pluie
et de gouttes
d'eau de pluie et d'averse
et sans un paragoutte
pour protéger les pieds
et les cheveux mouillés
qui ne vont plus friser
qui ne vont plus friser
à cause de l'averse
à cause de la pluie
à cause de l'averse
et des gouttes de pluie
des gouttes d'eau de pluie
et des gouttes d'averse
cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
Raymond Queneau



... et de beaucoup de rimes ! 

une rime
rimer

un cœur
un vœu
un feu
un lieu
mieux
des cheveux
le milieu
joyeux

fois
foi
foie
soi
toi
ça
la
là-bas
vois (voir)
voix (la parole)
loi

sortir ≠ salir en espagnol !
salir

plaque
sac
flaque
trac
chaque
vrac
claque

vu
su
pu
lu
cru
tu
il a plu (pleuvoir)

il t’a plu (plaire)

Bravo Mia ! 






 Montmartre

 Lundi 1er juin 







Aujourd’hui, il faisait grand soleil, nous nous sommes retrouvées aux Abbesses. Pauvres Mia et Nicole : elles ont monté les escaliers du métro ! Les plus interminables de Paris !
C’est Mia qui nous a emmenées au Moulin de la Galette, puis nous sommes passées Place du Tertre et avons tourné autour du Sacré Cœur. Ensuite nous sommes allées au café écouter et lire des chansons sur la butte Montmartre.
Et Mia en a composé une, avec de belles rimes !


La première fois que j’ai été à Paris
J’étais amoureuse
Mais j’étais sans mon chéri
Pourtant j’étais quand même joyeuse
Tout ce que j’ai vu était joli
Le Moulin de la Galette
Le Sacré Cœur : Je t’aime Paris !
Parce que tu es chouette

J’ai passé du bon temps
avec Lola et ma maman
Et c’était le printemps






Montmartre est une petite montagne
un mont
une butte
un tertre

Il y a des moulins
le moulin rouge
le moulin de la galette

Il y a des poètes
des escaliers
des amoureux
des princesses
des chansons d’amour

C’est mieux que l’Amérique !


Les chansons qui ont inspiré Mia :







La Complainte de la Butte
(Cora Vaucaire - 1954)
Paroles Jean Renoir * Musique Georges Van Parys

En haut de la rue St-Vincent
Un poète et une inconnue
S'aimèrent l'espace d'un instant
Mais il ne l'a jamais revue

Cette chanson il composa
Espérant que son inconnue
Un matin d'printemps l'entendra
Quelque part au coin d'une rue

La lune trop blême
Pose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous

La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés
Princesse de la rue
Soit la bienvenue
Dans mon cœur blessé

Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux

Petite mendigote
Je sens ta menotte
Qui cherche ma main
Je sens ta poitrine
Et ta taille fine
J'oublie mon chagrin

Je sens sur tes lèvres
Une odeur de fièvre
De gosse mal nourri
Et sous ta caresse
Je sens une ivresse
Qui m'anéantit

Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux

Mais voilà qu'il flotte
La lune se trotte
La princesse aussi
Sous le ciel sans lune
Je pleure à la brune
Mon rêve évanoui



Pigalle
Georges Ulmer et Géo Koger
1946

C'est une rue, c'est une place
C'est même tout un quartier
On en parle, on y passe
On y vient du monde entier.
Penché au flanc de Paname,
De loin, elle vous sourit,
Car elle reflète l'âme
La douceur et l'esprit de Paris

Refrain :
Un p'tit jet d'eau
Une statue, un métro
Entouré de bistrots
Pigalle
Grands magasins
Ateliers de rapins
Restaurants pour rupins,
Pigalle.
Là, c'est l'chanteur des carr'fours
Qui fredonn' les succès du jour,
Ici l'athlète en maillot
Qui soulèv' les poids d'cent kilos.
Hôtels meublés
Discrèt'ment éclairés
Où l'on n'fait que passer,
Pigalle
Et vers minuit
Un refrain qui s'enfuit
D'une boîte de nuit,
Pigalle.

On y croise des visages
Communs et sensationnels,
On y parle des langages
Comme une tour de Babel
Et quand vient le crépuscule
C'est le grand marché de l'amour,
C'est le coin où déambulent
Ceux qui prennent la nuit pour le jour.

Girls et mann'quins
Gitan's aux yeux malins
Qui lisent dans les mains
Pigalle
Clochards, cam'lots
Tenanciers de bistrots,
Trafiquants de coco,
Pigalle.
Petit's femmes qui vous sourient
En vous disant "tu viens chéri" ?
Et Prosper qui dans son coin
Discrètement surveille son gagne pain !

Un p'tit jet d'eau
Un' statue, un métro 
Entouré de bistrots
Pigalle
Ça vit, ça gueule
Les gens diront c'qu'ils veulent
Mais au monde y'a qu'un seul
Pigalle.



Fréhel – OÙ EST-IL DONC?
Paroles: A. Decaye, Lucien Carol, musique: Vincent Scotto, 1926



Y'en a qui vous parlent de l ' Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès d'ça ".
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar.
Parmi les gueux et les prostrés,
Les émigrants aux cœurs meurtris.
Il dira, regrettant Paris:

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses à Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à Salis,
" Montmartre, ton De Profundis! "

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour nous c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos copains?
Où sont-ils tous nos vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?








Les Ponts de Paris

Mardi 2 juin





Aujourd’hui j’ai retrouvé Mia et Nicole à Pont-Marie, nous nous sommes promenées vers l’île Saint-Louis puis nous nous sommes arrêtées dans un très beau café (Le Saint-Régis) et nous avons ensuite marché vers Notre-Dame avant de longer la Seine. De nombreux bouquinistes étaient fermés, les autres vendaient presque tous des souvenirs, et ces petites tours Eiffel miniatures que Mia déteste !
Je suis très fière du poème en acrostiche que Mia a écrit.


Paris est une ville très jolie mais tu me manques
Après mon voyage je serai heureuse de te voir
Ulysse a eu lui-aussi la même histoire
L’amour c’est une chose très compliquée

Pourquoi n’es-tu pas ici avec moi
Avec toi la vie est plus joyeuse
Un homme m’a souri mais je ne l’ai pas regardé
Le cœur qui est dans ma poitrine te pleure

Plus tard je te retrouverai
Alors j’écoute de la musique pour occuper le temps qui passe
Union, la nôtre est si forte
Laisse-moi t’embrasser




Pour l’écrire, nous avons d’abord parlé de Guillaume Apollinaire. De son poème le plus connu sur les ponts de Paris :

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
            Et nos amours
       Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
            L'amour s'en va
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


De ses histoires d’amour et de Lou. Et des poèmes qu’il lui écrivait pendant la guerre.

Le célèbre poème en acrostiche :


     L'amour est libre il nest jamais soumis au sort
     O Lou le mien est plus fort encore que la mort
     Un cœur, le mien te suit dans ton voyage au Nord

     Lettres, envoie aussi des lettres ma chérie
     On aime en recevoir dans notre artillerie
     Une par jour au moins une au moins je ten prie

     Lentement la nuit noire est tombée à présent
     On va rentrer après avoir acquis du zan
     Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

     La nuit mon cœur  la nuit est très douce et très blonde
     O Lou le ciel est pur aujourdhui comme une onde
     Un cœur, le mien te suit jusques au bout du monde

     Lheure est venue adieu lheure de ton départ
     On va rentrer il est neuf heures moins le quart
     Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard




Et le non moins célèbre calligramme :


 


Reconnais-toi
Cette adorable personne c'est toi
Sous le grand chapeau canotier
Œil 
Nez
La bouche
Voici l'ovale de ta figure
Ton cou exquis
Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré 
                                       vu comme à travers un nuage
Un peu plus bas c'est ton cœur qui bat


Guillaume Apollinaire,
calligramme,
extrait du poème du 9 février 1915


Le tout avec un tout petit peu de vocabulaire :

une demeure (= une maison)
demeurer = rester, être

onde = de l’eau (généralement claire)
une ondée = une averse !
couler

Mia j’espère que le livre de Guillaume Apollinaire que tu as acheté te plaira.
J’espère aussi que tu feras bien attention à ne plus mettre d’espagnol dans ton joli français !
Et je vous souhaite bonne route à toutes les deux,
Lola


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire